Le cinéma d’auteur en France
Le
cinéma d’auteur en France peut être assimilé à un courant qui s’est développé
pendant les années 1950, la Nouvelle Vague. Le coup d'envoi est donné
par, Jacques Rivette en 1956, mais le rejet du cinéma français officiel remonte
en fait à la libération et à la découverte enthousiaste, au lendemain de la
guerre, du cinéma américain.
La
Nouvelle Vague se définit par ses techniques cinématographiques révolutionnaires
pour l'époque, c’est-à-dire un changement esthétique important puisque l’action
passe du studio au décor naturel. Surtout grâce au progrès technologique :
les caméras sont peu couteuses et de grande qualités et de nouvelles pellicules
permettent désormais de privilégier les extérieurs et de filmer sans l’apport
de lumière. La Nouvelle Vague est aussi et surtout définie par ceux qui la
composent. Les principaux réalisateurs sont François Truffaut, Eric Rohmer, Agnès
Varda, Jean Eustache, Jacques Rivette, Claude Chabrol ou encore Jean-Luc
Godard, ils constituent le cœur du mouvement. Ils s'intègrent dans le contexte
historique de l'époque et reflètent ainsi les mouvements de société : tels que
le début des Trente Glorieuses, la guerre d'Algérie, et le mouvement de
libération des femmes. La Nouvelle Vague se détermine par la liberté qu'elle
apporte et tout ce qu'elle sait représenter de la réalité du présent.
Films de la Nouvelle Vague (en partant de la gauche: Le beau Serge de Claude Chabrol, Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, Sans toit ni loi de Agnès Varda).
La
Nouvelle Vague est apparue dans les années d’après-guerre alors que des jeunes
gens animés par un désir de cinéma aspiraient à une vie libre et sans
convention. Le cinéma français de cette époque était relativement dépourvu de
créativité et d'originalité, se contentant souvent d’être un simple support au
roman. Les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague ont bousculé les règles en
revoyant tous les fondements du cinéma. Ce mouvement ne cherche pas à
reproduire la réalité comme elle devrait être mais à montrer la réalité du
cinéma comme elle est. La Nouvelle Vague fut « une affaire de jeunes hommes
désireux de donner au cinéma le statut d'un art à part entière, c'est-à-dire
une vision du monde à un moment donné de son histoire et plus encore une
"participation à un destin commun" ».
Photo du tournage en extérieur de La nuit américaine,de François Truffaut
Photo du tournage d'une scène de A bout de
souffle de Jean-Luc Godard
De nos jours les films indépendants français restent présents et
sont diffusés grâce à des associations qui les aident comme le CNC à les faire
exister : l’ACID est l’une d’entre elle (L’ACID est une association de
cinéastes qui depuis 20 ans soutient la diffusion en salles de films
indépendants et œuvre à la rencontre entre ces films, leurs auteurs et le
public. L’ACID repose sur son idée fondatrice : le soutien par des cinéastes de
films d’autres cinéastes, français ou étrangers).
Chaque année, les cinéastes de l’ACID accompagnent une trentaine
de longs métrages, fictions et documentaires, dans plus de 150 salles
indépendantes et dans les festivals en France et à l’étranger. L’ACID renforce
la visibilité de ces films par l’organisation de nombreux événements. L’ACID
est également présente depuis dix-neuf ans au Festival de Cannes avec une
programmation de 9 films pour la plupart sans distributeur. Depuis sa création,
plus de 500 films ont ainsi été promus et accompagnés par les cinéastes de
l’ACID.
« Le cinéma est un art. Cette
évidence est aujourd’hui violemment combattue, renvoyée au grenier poussiéreux
des illusions, voire des utopies, niée par l’économie actuelle du cinéma.
Aujourd’hui l’essentiel des recettes se concentre sur de moins en moins de
films, pour la plupart américains, capables, par leur puissance financière
d’occuper une partie si importante de la surface commerciale que tous les
autres - et au premier chef les films indépendants - sont repoussés dans une
périphérie économique leur interdisant, de fait, de rencontrer leur public. Henri Langlois avait fondé sa pratique sur le
fait que « tous les films sont égaux ». Il n’en est pas d’autre qui
vaille. »(Extrait de l’acte de naissance de l’ACID). Cet extrait montre la
ferveur des fondateurs à diffuser les films d’auteurs français plutôt que les
films industriels américains qui dominent le marché cinématographique mondiale.
Des festivals pour les films indépendants existent comme le FIFIB
(Festival International du Films Indépendants de Bordeaux).
Ce festival est fondé en mars 2011 pour créer un événement
d'envergure dans la région et l'espoir de perpétuer la défense d'un cinéma
différent.
Le cinéma d’auteur français s’affiche comme le défenseur de l’idée
d’un cinéma qui ne serait pas un pur produit de divertissement. Les films
français sont reconnus comme une œuvre artistique avec de l’esprit et de la
création dont l’auteur principal est le réalisateur. De même que le cinéma
hollywoodien et ses blockbusters attirent les réalisateurs du monde entier, le
cinéma français avec ses capacités de financement, son public cinéphile, son
soutien réglementaire, attirent les jeunes talents étrangers et aussi grâce à
sa diversité culturelle. La France est donc un repère pour le cinéma
indépendant de nos jours et les jeunes talents étrangers, mais aussi, un
certains nombres de cinéastes étrangers s’ inspirent des films d’auteurs
français.
Les blockbusters à la
française
Les industriels français sont présents parmi les pionniers du
cinéma aux Etats-Unis. Ils sont arrivés dans les premières années du XXème
siècle (Alice Guy, Maurice Tourneur, Léonce Perret…).Ces réalisateurs sont plus
nombreux que les acteurs français, dans les premiers temps de la naissance du
cinéma hollywoodien.
La fée au choux de Alice Guy
Ils participent donc à la création de l’industrie américaine du
cinéma en se mettant au service des studios directement, ou avec leur propre
société de production. Hollywood ne connaitra plus par la suite une telle
concentration de réalisateur français au travail sur ces terres. Les
réalisateurs viennent aux Etats-Unis pour élargir leur public, s’adresser au
premier marché mondial. Mais cela demande à se plier à certaine règle. En effet
ils doivent abandonner leur univers et se plier aux règles du fonctionnement
des studios. L’alternative, pour un réalisateur français à Hollywood, est de se
situer entre devenir réalisateur de grosse machine ou tenter d’imposer sa
patte, « faire son auteur français ».
Une autre ambition est née dans les années 2000, celle de réaliser
des films en anglais, destiné au public américain. Dans ce cas la règle d’or
est d’être associée à un studio pour sa distribution. Plusieurs français s’y
sont essayés, comme Luc Besson avec Le cinquième élément, ou alors Dahan
avec My Own Love Song. Les films français et leurs réalisateurs tentent
de contourner les règles d’Hollywood pour s’imposer de l’extérieur. Leur
production française, joué en anglais, est destiné à l’exportation de leurs
films. Comme The Artist de Michel Hazanavicius, qui aurait été
réalisé dans le but d’être vendu aux Etats-Unis et de plaire au public
américain.
Néanmoins, il existe un cinéma à gros budget en France, comme
celui de Luc Besson. Son cinéma prends une place prépondérante dans la grosse
production en France, les films coûtent de plus en plus cher. La généralisation
des multiplexes en France a bouleversé les règles de la distribution (un même
film peut sortir sur plusieurs centaines d’écrans le même jour, la même heure
soutenu par une intense campagne de marketing à l’échelle nationale). Ce
bouleversement entraîne le développement des structures associant la
production, la distribution, l’exploitation…C’est ainsi que Luc Besson année
après année a édifié un immense instrument de production ressemblant au major
Hollywoodien, Europacorp, qui a mis sur le marché plus de soixante-dix films,
pour l’essentiel formatés pour séduire un public populaire international. Les
exigences de ce marché sont que les films doivent être très ouvert (ce qui
exclut les cinémas de genre) et donc privilégie les films d’actions pour des
spectateurs jeunes ou encore des remakes et des comédies gentilles. En dix ans,
la société va devenir un nouveau major français.
Les Français entretiennent une relation de fascination avec le
cinéma Hollywoodien et ont le goût de l’Amérique, ces deux tendances traversent
l’esprit des réalisateurs français depuis toujours : faire des films à
l’américaine ou en Amérique. Certains réussissent à s’imposer dans la jungle
des studios à Hollywood pour diriger les plus grosses productions, jouer avec
les plus gros jouets que l’industrie est capable de fabriquer. Et d’autres
tenteront d’apporter sur le territoire américain une vision de leur propre
univers, en anglais, sans passer par Hollywood.
Certains réalisateurs français (dont Luc Besson) font des films à
l’américaine avec un but en tête, le cinéma est une industrie. Les entrées, les
stars, l’action, le pop-corn et l’arrivée au box-office en sont les principaux
intérêts.
Hollywood, sa production qui englobe le monde
Le cinéma n’est pas né aux Etats-Unis mais il traverse vite
l’Atlantique. Depuis 1915 l’industrie cinématographique américaine est à la
fois la plus puissante et la plus rentable, il est à la fois une industrie
d’exportation, un vecteur culturel et un redoutable outil de propagande dans la
politique aux Etats-Unis.
En 1908 la production s’industrialise et s’installe pour des
raisons climatiques en Californie dans un quartier de los Angeles, Hollywood.
Son développement ne va pas être linéaire et il traversera des crises de
croissance et de récession. Mais il connait dès ses débuts un succès foudroyant
auprès du public.
Le système hollywoodien est celui des majors qui maitrisent toutes
les étapes de la production la diffusion dans les salles et l’engagement des
acteurs. Les studios imposent aux acteurs des contrats souvent léonins
mêmes si ceux si sont bien rémunérés. Le studio system est une redoutable
machine à produire avec des scénaristes, des équipes de tournage, des metteurs
en scène, travaillant suivant des horaires rigoureux. Cette organisation
n’empêche pas la qualité des productions même si elle n’a qu’un objectif : la
rentabilité.
La crise de 1929 fait baisser la fréquentation des salles mais
celle-ci remontera rapidement grâce à l’arrivée du cinéma parlant en 1927. En
1927 est créé la cérémonie des « oscars » qui va devenir un mythe
hollywoodien. Les meilleurs plumes de la littérature américaine
participent au système, écrivent des scénarios Fitzgerald, Hammett, Hecht. Mais
elles sont souvent déçues par une machine qui ne les reconnait pas toujours. La
technique se perfectionne avec l’arrivée en 1935 de la couleur (technicolor)
utilisée dans les 2 grandes succès des années 30 : Autant en emporte le vent
en 1939 et Blanche neige et les 7 nains 1937 de Disney.
« Le box-office » (volume des entrées et des recettes) est devenu
le baromètre du cinéma mondial. Tout y est intégré dans le processus de
fabrication : marketing, distribution, produits dérivés avec 18 milliards de
dollars par an, la culture est le second poste d’exportation de la balance
commerciale US. Les Etats-Unis ont exporté 4 milliards d’images vers l’Europe
12 fois plus que l’Europe vers l’Amérique.
Des films tel que le parrain et l’exorciste batte le record des
recettes mais ils sont bientôt dépassés par des films qui deviennent eux-mêmes
des événements de marketing.
On assiste à un phénomène nouveau les jeunes désirent revoir ces
films de nombreuses fois. Seul Disney avait pratiqué cette formule. Les dents
de la mer de Spielberg de 1975 annoncent le développement de cette tendance. Le
requin monstrueux devient immédiatement symbole du folklore commerciale ce
requin est désormais l’attraction principal d’un parc à thème cinématographique
(Universal studio) il est le 1er film a rapporté plus de 100 millions de
dollars grâce aux locations de cassettes et en 1993 il est encore 8ème sur la
liste des ventes.
Les cinéastes se mettent alors à fabriquer plus de films pour les
jeunes spectateurs et les effets spéciaux deviennent de plus en plus importants
pour plaire à se groupe d’âge. De nombreux films s’inspirent des héros de
bandes destinées tels que superman Batman et ces films ensuite des suites .les
cinémas deviennent des « multiplexes » présentant jusqu’à une douzaine de
films. Une poignée de fils à très grands succès (blockbusters) dominent les
circuits d’exploitation où ils apparaissent simultanément sur 1000 ou 2000.
Le cinéma américain a conquis les écrans européens dans les années
80 grâce au volume de sa production et à sa qualité technique (95 % des films
distribués au royaume uni, 70% en France).
Il réalise en France 61% des recettes totales, 82% en Allemagne et
85 % au Royaume Uni.
Cette pénétration commerciale est un vecteur privilégié du
développement de l’influence des Etats -Unis à l’étranger. Le cinéma peut être
l’instrument de conquête culturelle d’un pays dominant.
On remarque à l’aide de ces chiffres qu’il y a eu une évolution dans la production de blockbuster, en effet en 1981, le nombre de films « originals » étaient beaucoup plus importantes que de nos jours, en 2011 elle est même inexistante.
Mais le cinéma sait être hollywoodien, sans Hollywood, grâce aux effets spéciaux informatiques et aux nouvelles technologies. Dont Spielberg et Lucas en sont deux figures emblématiques.
La production hollywoodienne tourne aujourd’hui autour de 300 films annuels.
Le cinéma américain est le reflet de périodes historiques de la vie du pays. Mais le 7ème art est aux Etats-Unis, une industrie qui occupe un rang privilégié dans les exportations nationales et qui doit d’abord gagner de l’argent. Son objectif est avant tout de sortir des films rentables (blockbusters). Ces supers productions ont toujours été le support de l’industrie cinématographique d’exportation (Ben Hur, les 10 commandements, Jurassik Park, Titanic, Batman, Terminator) et visent un large public à l’étranger.
Photos du film Star Wars de George Lucas
La science-fiction Star Wars rapporte près de 200 millions de
dollars en location de vidéo et obtient 10 oscars. Lucas réalise Star Wars et
produit 5 autres films. Ce film est réalisé sans vedette et doit sa réussite
exceptionnelle aux effets spéciaux et à un parti pris culturel. Lucas fonde
Lucas film puis invente le THX procédé de diffusion du son qui amplifie l’effet
stéréo. En 1984 il s’associe avec Steve jobs d’Apple pour fonder Pixar
spécialité dans les images de synthèse.
A côté de ces majors nés en 1912, Universal et 1924, Columbia,
Metro Goldwin Mayer, Twentieth Century fox, Warner Bros, Paramount, il existe
un cinéma indépendant qui résiste avec 25% du marché à la pression des grosses
productions cinématographiques hollywoodiennes. Ce sont les artistes associés
fondés par des acteurs célèbres ou des cinéastes qui restent à l’écart grâce à
leur talent ou au succès de leur films comme Chaplin ou Disney.
Le cinéma participe à l’effort de guerre et il est
florissant en 1945 avec 82 millions de spectateurs hebdomadaires. La fin des
années 40 marque à la fois l’apogée et le déclin des majors. Une grande partie
des scénaristes sont de gauche voire d’extrême gauche. Le déclenchement de la
guerre froide est l’occasion pour les conservateurs de prendre leur revanche et
Hollywood va en devenir le symbole. Crée en 1938 la commission des activités
anti américaine met en cause un certain nombre d’acteurs, de scénarises et de
metteurs en scène. Le développement de la télévision accélère aussi le déclin
des majors, grâce notamment au développement des séries et à la désaffection
des spectateurs pour le cinéma.
En 1940, 477 films sont produits, entre 300 et 350 dans les années
50 et seulement 98 en 1975.
Aux Etats-Unis de nombreux cinéastes peuvent intégrer le réseau
commercial durant la période d’après 1970. Avant cette période, la majeure
partie des films indépendants étaient projetés dans des cinémathèques de musées
ou dans les circuits universitaires. Un soutien de la part des gouvernements et
des institutions publiques est mis en place avec la création en 1965 de la
fondation du national endowment for the arts (NEA) et en 1967 de la
fondation de l’American Film Institute (AFI).
Incapable de financer la crise, les majors sont progressivement
rachetés par des sociétés étrangères, japonaises et Européennes qui
transformeront une partie des plateaux de cinéma en studios de télévision. Le
cinéma indépendant occupera alors la place laissée par les majors en prenant
exemple sur la nouvelle vague européenne (française, italienne et anglaise).
Ils tourneront des films non plus en studios mais en extérieurs et à moindre
coût (pour certains) dont John Cassavetes qui est un réalisateur de films
indépendant à Hollywood dans les années 70, Cassavetes signe avec Paramount, l'une des firmes les plus
illustres du cinéma américain. Ce qui aurait pu être le point culminant de sa
carrière, mais s’est un échec. Le réalisateur ne parvient pas à s'intégrer à
l'industrie hollywoodienne, ces films sont exportés en France et
connaitront beaucoup de succès. On peut aussi parler d’Alfred Hitchcock qui
déménage à Hollywood dans les années 1940 et fait plusieurs films à suspens et
à humour noir.
Alfred Hitchcock sur le tournage des Oiseaux
Mais aussi plus récemment John Huston, Quentin
Tarantino, Martin Scorsese, Sofia Coppola, Woody Allen qui sont
quelques exemples de réalisateurs de cinéma indépendants à Hollywood.
Leurs films sont pleins d’émotions que l’on ne retrouve pas
forcément dans les films d’auteurs français.
Plusieurs films à succès de Quentin
Tarantino