La distribution
La distribution a pour fonction de mettre en valeur
les films dont elle a la charge pour que ceux-ci existent et soient reconnus, et
de mobiliser les moyens nécessaires pour faciliter leur rencontre avec le
public.
La distribution a aussi une fonction financière,
puisqu’elle collecte la recette auprès des exploitants et, après s’être
rémunérée, la transmet aux ayants-droit.
Après une phase décisive de choix du film et de
négociation de ses droits avec le producteur, le distributeur cherche à
optimiser sa sortie et son exposition en salles. Pour chaque titre, dans un
contexte qui dépend du marché, des équilibres financiers et de la gestion des
risques qu’il est prêt à prendre, le distributeur détermine la date de sortie,
la combinaison de salles, le nombre de copies, et organise la promotion du film
en question.
Ainsi les distributeurs travaillent à
l’exploitation commerciale des films. La sortie en salles est décisive :
par-delà l’enjeu économique immédiat, se jouent leur réputation et leurs
possibilités de valorisation future. La salle de cinéma est en conséquence de
plus en plus utilisée comme rampe de lancement et comme « vitrine »
pour une valorisation commerciale. La prise de risque des distributeurs pour la
sortie en salles se trouve d’autant plus dure à supporter qu’ils ne disposent
pas des droits télévision et vidéo, et qu’ils doivent faire face à des
distributeurs adossés à des chaînes de télévision.
Ces dernières années, la distribution
cinématographique a perdu de son influence. Ceci est dû à :
-La
quasi-intégration de la filière cinématographique au sein de l’industrie
audiovisuelle pour des raisons économiques, commerciales et financières..
-L’augmentation
du nombre de copies par film
-L’accélération
de la rotation des titres à l’affiche
-Les
surenchères promotionnelles.
De 25000 à 30000
films sont produits chaque année. Parmi ceux-là, entre 600 et 700 obtiennent
des contrats de distribution en salle, tandis que de 300 à 400 ont des contrats
de diffusion ou de sortie en DVD.
Un film sur deux réalise moins de 50 000 entrées
durant toute sa carrière. Ces films-là restent bien en-dessous de leur seuil de
rentabilité, leur notoriété auprès du grand public est quasi nulle, et ils ne
possèdent pas la renommée escomptée pour un éventuel passage ultérieur sur le
petit écran. Autant dire que décider de distribuer un film est un véritable
pari pour les distributeurs.
Les
distributeurs en France
La France compte une centaine de sociétés de
distributions actives.
Selon les années, les dix premiers distributeurs
réalisent entre 70 et 90% du chiffre d’affaires du secteur : 89,5% en
2001, 73,5%, en 2001. La structure oligopolistique reste stable, mais le
classement et les pondérations se modifient chaque année en fonction de la
réussite relative de quelques films porteurs.
Dans la structure industrielle
cinématographique, on distingue quatre groupes de distributeurs en
France :
- Les filiales des majeures hollywoodiens
installés en France ; Paramount Pictures, Sony, Universal Pictures, Walt Disney,
Twentieth Century Fox, Warner Brox. Elles s’associent à des sociétés de
distributions françaises. En 2001, on trouve au premier rang, UFD (UGC Fox
Distribution), au deuxième rang, GBVI Gaumont Buena Vista International.
- Les grands distributeurs nationaux :
Pathé, Gaumont, Metropolitan Filmexport, EuropaCorp
- Les filiales de groupes audiovisuels tel que
Studio Canal et SND
- Les distributeurs indépendants. On en compte
une soixantaine, parmi lesquels Pyramide, Diaphana, Ad Vitam, Back Films, Rézo
ou Les films du Losange.
Ces derniers sont beaucoup plus vulnérables que
les autres et ont du mal à accéder à des films porteurs ainsi qu’à trouver des
écrans disponibles. Face à la hausse des coûts de sorties, ils ne peuvent plus
vivre du marché des films en salles dans un seul pays et cherchent à bénéficier
des « droits secondaires » (vente aux chaines de télévision, vidéo,
exportation).
Le cas Gaumont
La première société de production, de distribution et d’exploitation
cinématographique est née il y a 114 ans. Du nom de son fondateur Léon Gaumont,
cette société française est la seule
entreprise au monde à être aussi ancienne que le cinéma lui-même. Aujourd’hui,
Gaumont résiste bien sur le marché français de la distribution
cinématographique face aux majeurs hollywoodiens. D’après le tableau
ci-dessous, Gaumont a gagné 9 places en 2011 dans le classement des
distributeurs en France, lui permettant ainsi de passer 3e notamment
grâce au grand succès du film Intouchables.
Par ailleurs, grâce à ses bons résultats en France, depuis 2010, Gaumont a créé aux Etats-Unis une structure de production, Gaumont International Télévision Llc, dédiée aux programmes de télévision qui vont être distribués sur le marché américain et international.
Voici donc l’exemple d’une société française, la
plus ancienne au monde dans le domaine de la distribution, qui arrive à se
maintenir à une bonne place en France et qui parvient à se développer aussi sur
le marché américain et international.
La
programmation des salles
Le programmateur dispose d’un pouvoir de
négociation qui facilite l’approvisionnement en films mais participe aussi de
l’arbitrage entre les nombreux titres qui, chaque semaine, se bousculent pour
trouver leur place sur les écrans. Le fonctionnement du système conduit en
effet à remplacer sans tarder tout film dont la recette attendue paraît
inférieur à celle que pourrait générer son successeur.
Chaque semaine, dix à quinze nouveaux titres
tentent leur chance, mais peu d’entre eux passeront avec succès l’épreuve de la
première rotation hebdomadaire. Les films sont pour l’essentiel mis à l’affiche
pendant la même courte période de lancement pour la plupart des salles ;
être en phase avec la campagne promotionnelle de lancement du film est devenue
un facteur d’attractivité obligé.
Le nombre de copies pour un lancement de film
progresse de façon incroyable. Les records se succèdent, tant par le nombre de
copies que par le nombre de films qui sortent dans des combinaisons massives.
Dans toutes les catégories, la hausse est forte, si bien qu’en 2011, 164 films
sortent dans des combinaisons supérieures à 200 copies. Film le plus cher du
cinéma français avec 78 millions d’euros de budget, Astérix aux Jeux Olympiques est sorti en janvier 2008 sur 1078
copies France. En quelques années, le paysage cinématographique français a été
bouleversé par cette inflation rapide fondée sur une surenchère qui oblige les
distributeurs à suivre le mouvement sous peine de voir leurs films d’emblée
laminés. À l’opposé, un film sur quatre sort sur moins de 10 copies, soit 4
copies par film en moyenne.
La diffusion en
salle en France
L’histoire
Les vrais inventeurs du cinématographe sont
Louis (1864-1948) et Auguste Lumière (1862-1954), grâce à leur
caméra-projecteur de 1895. C'est la naissance de l'appareil de tournage et de
projection, et les premiers films réalisés sont projetés en public.
Tout commence très officiellement le 22 mars
1895, par une projection, à Paris, devant les membres de la Société
d'encouragement à l'industrie, de Sortie
de l'usine Lumière à Lyon. La démonstration scientifique est faite, reste à
séduire le public.
Ainsi, le 28 décembre 1895, a lieu la grande
première devant 35 spectateurs au salon indien du Grand Café, boulevard des
Capucines, à Paris. Les frères Lumière y proposent la Sortie de l'usine Lumière à Lyon, et deux autres films, L'arroseur arrosé et Le Repas de bébé (vidéos ci-dessous).
Le succès de cette projection est immédiat. La
presse adore la nouveauté, tout Paris se précipite ; certains jours, jusqu'à 2
500 spectateurs se pressent, les séances s'enchaînant jusqu'à l'épuisement des
projectionnistes. Les salles louées ne suffisent plus : il faut au
cinématographe un lieu permanent, adapté à ses contraintes techniques, capable
de recevoir des foules de plus en plus nombreuses et curieuses. C'est la
naissance de la salle de cinéma. La première est inaugurée à Lyon le 25 janvier
1896, patrie des frères Lumière.
Et aujourd’hui ?
Presque 120 ans plus tard, la diffusion des
films s’est bien démocratisée.
Ainsi 5 464 salles
de cinéma regroupées dans 2 030 établissements, dont 176 multiplexes, sont
actives en France (chiffres 2011). Ce chiffre est stable par rapport à celui de
2010 (un écran de moins). Les multiplexes concentrent près de 60 % de la
fréquentation (58,6 % des entrées réalisées en 2011).
Par ailleurs,
toujours en 2011, le nombre de salles actives à Paris s’élève à 364. Le parc
parisien compte 83 cinémas dont 7 établissements de plus de 8 écrans
(multiplexes). La capitale dispose de plus de 69 000 fauteuils cinématographiques
en 2011. Il faut cependant savoir qu’en dix ans, le parc parisien a perdu 8
établissements, entrainant un recul de 4,7 % du nombre de fauteuils.
Le Box-Office
Chaque semaine, Allocine publie une liste de
films classés en fonction du nombre d’entrées qu’ils ont réalisées partout en
France. C’est le fameux Box-Office !
Dans la semaine du 3 octobre 2012, le film qui a
réalisé le plus d’entrées (1 231 066 entrées) est un thriller français, Taken 2, d’Olivier Megaton. C’était sa
semaine de sortie. La semaine suivante, celle du 10 octobre, Taken 2 est toujours en première place
avec un total de 1 948 177 entrées, soit 717 111 entrées de plus par rapport à
la semaine précédente. Place qu’il perd la semaine du 17 octobre pour passer
deuxième. Cette semaine-là, le premier du Box-Office est tout de même un film
français, Astérix et Obélix : au
service de Sa Majesté, avec 1 132 279 entrées.
Ces trois documents démontrent le succès des
films français en France. Succès qui va en grandissant depuis 1984. En effet,
en 2011, les films français représentant presque la même part de marché que les
films américains, en terme de fréquentation en salles (voir document
ci-dessous).
Différents
moyens de promotion
Pub et Marketing
Le terme marketing a longtemps banni dans les
milieux du cinéma français, sauf pour désigner et dénoncer des pratiques
courantes. Mais les dix dernières années, ces pratiques ainsi que les dépenses
de publicités se ont fortement développées en France.
Le marketing cinématographique est utilisé comme
moyen d’orienter de contrôler les marchés en maîtrisant quatre variables
fondamentales : le film, le prix, la distribution et la communication.
Malgré cette approche, on continue pourtant à s’interroger sur les conditions
et les limites de son application dans le milieu cinématographique.
La promotion est cependant devenue en France
aussi une condition essentielle pour faire exister un film. Les campagnes
publicitaires préalables à la sortie du film, ainsi que le buzz créé grâce à
Internet et aux réseaux sociaux sont indispensable. Il s’agit de créer
l’événement et d’occuper le terrain. Dans ce contexte, on constate, une
inflation des dépenses publicitaires et des nouvelles stratégies dites de
« offre saturante » typiques de celles utilisées pour la promotion
des films Hollywoodiens. Résultat : régulièrement, le budget de promotion
est égal ou même supérieur à la moitié du budget de production. Le but des
distributeurs qui en ont les moyens est de réussir à faire distinguer leurs
films et de l’imposer dès la première de sortie auprès du public. Comme aux
Etats-Unis c’est la cours aux records, aux budgets pharaoniques et au
classement au Box-Office ?
En France les investissements pour les films ont
connu une forte croissance : ils ont été multiplié par treize en quinze
ans pour se monter à 574 millions d’euros en 2011. Les investissements
publicitaires se concentrent sur :
- - L’affichage, 29% des dépenses
- -Internet, 29 % des dépenses
- -La presse écrite, 18% des dépenses
- -Les bandes-annonces en salles, 17% des dépenses
- --La radio, 7%
Rappelons qu’en France, la publicité pour le
cinéma est interdite à la télévision, à l’exception de quelques chaines
thématiques.
Pourtant, pub et marketing ne sont pas forcément
garants du succès commercial d’un film, et les méga productions ne deviennent
pas forcément des succès. Exemple : alors qu’Hollywood produit chaque
année plus de 15 films dont le budget de production dépasse les 100 millions de
dollars, auxquels s’ajoutent des gros budgets de marketing international, seul
quelques uns des réussites et des références. Ceci souligne les surprises et le
caractère peu prévisible du marché du cinéma.
Les festivals
Les festivals sont un bon moyen de promouvoir un film. La France accueille chaque année 168 festivals de
cinémas, soit plus que dans tous les pays de l'Union européenne réunis. Beaucoup
d’entre eux mettent en lumière la filmographie mondiale, comme le festival du
film américain de Deauville organisé en septembre, et le festival de Cannes en
mai.
Le festival de Cannes : un leadership incontesté
Affiche du festival de Cannes 2012
Voilà sans doute celui dont on entend le plus
souvent parler, aussi bien dans le monde du cinéma que dans l’actualité
people : événement professionnel majeur et fenêtre sur les célébrités pour
le grand public (grâce notamment à la célèbre montée des marches), le festival
de Cannes est le rendez-vous annuel très attendu qui, depuis sa première
édition, a toujours célébré la passion du cinéma.
Ses débuts ont pourtant été marqués par un sceau
tragique. La première édition, prévue pour durer tout le mois de septembre
1939, fut abandonnée avant même son ouverture en raison de l’invasion de la
Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, et la déclaration de
guerre de la France et du Royaume-Uni à l’Allemagne, le 3 septembre. Finalement,
sa première édition date de 1946 mais ce fut une réouverture occasionnelle (un
festival en 1946, mais rien en 1948, faute d’argent). Le festival reprend donc
son cours annuel à partir de 1949.
Au
cours des années, l'augmentation constante de ses participants et l'apparition de nouveaux enjeux
économiques vont faire du Festival le rendez-vous couru des professionnels du
cinéma. Le succès de la manifestation donne l'idée à quelques distributeurs
français de proposer un espace unique à tous les professionnels dispersés
jusqu'alors dans les hôtels, les villas et les appartements cannois. C'est
ainsi que le premier Marché du Film voit le jour en 1959 avec quelques dizaines
de participants et une seule salle de projection construite en toile sur le
toit de l'ancien Palais Croisette. Ce tout petit marché va peu à peu s'imposer
comme un évènement international conçu, organisé et planifié avec un seul
objectif : la réussite de tous les cinémas.
50 ans
plus tard, le Marché attire 10 000 participants qui viennent du monde entier et
qui profitent de cet environnement unique pour présenter et découvrir près de 4
000 films et projets dans un ensemble de 34 salles de projection. Le leadership mondial du Marché du
Film de Cannes a ses exigences : faire toujours mieux pour servir
l'industrie et, pour cela, rester à l’écoute des besoins de la profession,
adapter ses outils aux nouveaux standards du marché, privilégier toujours plus
les rencontres et contribuer à la santé économique du cinéma.
Le prix le plus prestigieux en est la palme d’or, remise depuis 1955 au
meilleur film. Mais le jury, composé de professionnels du cinéma, décerne
également : un grand prix pour le film le plus novateur, un prix d’interprétation
féminine et masculine, un prix du scénario et un prix de jury.
Les films français sont assez bien représentés
dans le palmarès de la palme d’or avec Le
salaire de la peur (1953) d’Henri-Georges Clouzot (1901-1977), Le Monde du silence (1956) de
Jacques-Yves Cousteau (1910-1997) et Louis Malle (1932-1995), Orfeu Negro (1959) de Marcel Camus
(1912-1982), Une aussi longue absence (1961)
d’Henri Colpi (1921-2006), Les Parapluies
de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, Un
homme et une femme (1966) de Claude Lelouch (né en 1937), Sous le soleil de Satan (1987) de
Maurice Pialat (1925-2003), Le pianiste
(2002) de Roman Polanski (né en 1933) et enfin Entre les murs de Laurent Cantet (né en 1961).
En
2012, le Marché du Film a accueilli 11 409 participants (+8% par rapport à
2011).
D’après
le document statistique « Participants par pays » (à droite)
provenant du site officiel du Festival de Cannes, l’Amérique du Nord
représentait en 2012, 20% de la totalité des participants et la France 15%.
Les cérémonie des Oscars : l’équivalent à Hollywood
Dans le
palmarès des compétitions cinématographiques, personne ne peut faire semblant
de ne pas connaître les oscars d’Hollywood.
Appelés aussi Academy Awards, ils ne
sont pas remis dans le cadre d’un festival, mais au cours d’une cérémonie qui
récompense, depuis 1929 les plus grands professionnels du monde du cinéma (à
ceci près que cela ne concerne que les productions sorties aux Etats-Unis). Les
oscars se répartissent en 25 catégories : meilleur film, meilleur acteur,
meilleure actrice, meilleurs costumes, meilleure photographie, meilleure
musique de film, etc. La cérémonie se déroule au mois de janvier. La récompense
(une statuette plaquée d’or prénommée Oscar) doit se nom à Margaret Herrick.
membre de l’Académie, qui la baptisa ainsi en raison de la ressemblance qu’elle
lui trouvait avec son oncle !
La statuette Oscar
Dans
l’histoire de la cérémonie, voici les films américains qui brillent pour le
nombre de récompenses raflées : 11 oscars pour Ben-Hur (1959) de William Wyler (1902-1981) et Le Seigneur des anneaux : le retour du roi (2002) de Peter
Jackson (né en 1961) ; 10 oscars pour West
Side Story (1961) de Jerome Robbins (1918-1998) et Robert Wise
(1944-2005) ; 9 oscars pour Autant
en emporte le vent (1939) de Victor Fleming (1883-1949) et Gigi (1958) de Vincente Minnelli
(1903-1986).
Cependant,
certains films français ont aussi reçu des oscars. En 2006, La
marche de l’empereur de Luc Jacquet (né en 1967) a reçu l’oscar du meilleur
film documentaire. En 2008, c’est le sacre de Marion Cotillard (née en 1975),
oscar de la meilleure actrice pour son interprétation d’Édith Piaf dans La Môme (2007) d’Olivier Dahan. En 2012,
The Artist de Michel
Hazanavicius est entré dans la légende des oscars avec cinq statuettes :
celles de meilleur film, meilleur acteur pour Jean Dujardin (premier acteur à
être récompensé dans cette catégorie), meilleur réalisateur, meilleurs costumes
et meilleure musique.