Interviews

Afin d'approfondir nos recherches, nous avons décidé de nous plonger dans cet univers qui nous est inconnu en allant à la rencontre de professionnels du cinéma. Ainsi, nous avons pu nous entretenir avec un réalisateur, René Feret, et une actrice, Mélanie Laurent.

Interview de René Feret, réalisateur français:




Mélanie Laurent, très occupée, nous a envoyé ses réponses manuscrites à nos questions. Polyvalente, Mélanie Laurent touche à tout, de la réalisation à la chanson, mais c'est en tant qu'actrice qu'elle a fait ses preuves depuis son César du Meilleur Espoir Féminin en 2007 pour le film Je vais bien ne t'en fais pas.

Questions : Est-il nécessaire pour une actrice française de percer aux USA ?


Réponse: Non, on a vu des tas d’exemples prouvant le contraire. Catherine Deneuve, Isabelle Ajani pour ne citer qu’elles. Actuellement pour réussir à l’étranger, il faut parler très bien anglais et avoir l’envie forte de travailler là-bas. Les budgets sont énormes, les tournages sont longs et il faut partir loin… Certains le font, et je pense en faire partie. Mais je le fais quand j’adore le projet, le réalisateur et les acteurs car ce n’est jamais facile de partir 4 à 5 mois à l’autre bout du monde. Mais je reconnais que cela m’a beaucoup apporté. Et j’ai maintenant des propositions de beaucoup de réalisateurs étrangers (hors Etats-Unis)

Q: Selon vous, le cinéma est-il un objet de consommation ou un objet artistique ?

R: Je suis française donc je n’ai qu’une réponse : c’est un objet artistique. 

Q: Quel est votre but quand vous écrivez un film ?

R: Mon but est de raconter une histoire. Une histoire que j’ai aimé écrire et que j’ai envie de partager avec les autres. Et puis j’aime le travail avec les acteurs. Trouver ensemble comment jouer au mieux une situation. Trouver avec les techniciens comment filmer au mieux les acteurs, comment éclairer pour obtenir la meilleure image, celle qui correspond à ce que je veux exprimer à ce moment précis.

Q: Aimeriez-vous produire un de vos films à Hollywood ?

R: Oui, et je m’en occupe. C’est difficile parce que je suis en France et qu’il faut être là-bas très présent. Mais c’est une opportunité que j’envisage un jour.

Q: Préférez-vous le cinéma américain ou le cinéma français ?

R: J’aime tous les cinémas. Et je trouve que le cinéma indépendant américain est passionnant. Tout comme le cinéma français, il y a de grosses machines qui peuvent être réussies et les petits films qui peuvent être de véritables bijoux. Le savoir-faire est le même dans beaucoup de pays.

QQuels sont selon vous les grandes différences entre les réalisateurs français et les réalisateurs américains ?

R: Différence de moyens surtout mais ce n’est pas vrai pour chaque film. Les grosses machines françaises coûtent très cher. Aux Etats-Unis, beaucoup de monde sur les tournages et des journées peuvent être un peu plus longues.

Q: Le cinéma français a-t-il sa place aux USA ?

R:  Evidemment, et on le voit chaque année avec les nominations aux oscars. Le cinéma français est un cinéma très soutenu par l’Etat et qui se porte plutôt bien.

Q: Comment choisissez-vous vos acteurs ?

R: Le choix de mes acteurs est un choix purement artistique. Je ne choisis pas en fonction de leur notoriété. Mais il ne faut pas se cacher, un producteur qui met beaucoup d’argent dans un film est en droit de refuser un acteur inconnu pour un rôle important et d’imposer un acteur reconnu. Je ne pense pas que le succès d’un film soit complètement liée au choix des acteurs. Il n’y a ni règle, ni recette et on a tout vu dans le domaine. Dans un film a petit budget il est plus simple d’imposer ses choix.

Q: Dans quelles mesures le rôle de l’acteur influence-t-il le nombre d’entrée dans les salles de cinéma ?

R: Il y a bien sur des valeurs sures dans le cinéma français. Mais on n’est jamais à l’abri de grandes surprises dans ce domaine. Je ne pense pas que le seul nom d’un grand acteur soit un rempart absolu. Le facteur risque est toujours présent. Même avec une grosse promo et de bonnes critiques, il y a une part de mystères dans la réussite d’un film. Et je crois que l’histoire qu’on raconte, la bande-annonce, l’affiche du film, tout cela fait partie d’un tout.

Q: Préférez-vous que votre film soit reconnu premier au box-office ou la reconnaissance d’un festival réputé ?

R: Question difficile. Je vous répondrai que pour ma part je préfère un prix dans un grand festival ou une sélection me fait plus plaisir qu’un énorme carton. En même temps, pas d’angélisme, si on fait des entrées pour un premier film, il est donc plus facile de financer le deuxième. L’idéal est de réussir de chaque côté…