Financement

La France

 

Différentes sources de financement

En France, la première source de financement est celle des «producteurs»: ce sont des sociétés de productions, des chaînes de télévision (Arte France Cinéma, France 2 Cinéma, France 3 Cinéma, M6 Films, StudioCanal, TF1 Films Production) et l’opérateur France Télécom via «Studio 37-Orange» les a rejoins il n’y a pas longtemps. Il s’agit des «fonds propres» qui peuvent être en numéraire ou en nature (matériel par exemple). Ils représentaient un peu plus du quart du financement de la production d’un film en 2006. Cette même année, les producteurs français ont contribué pour près de 275 millions d’euros au financement des films à majorité française.

En deuxième position, ce sont les fonds des chaînes de télévision, sous la forme de pré-achat des droits de diffusion, qui représentent environ un quart du financement (à distinguer de la coproduction via la filiale cinéma des chaînes).



En troisième position, d'autres acteurs peuvent participer au financement d’un film: les Sociétés pour le financement de l'industrie cinématographique et audiovisuelle (Sofica), qui donnent l’autorisation aux contributeurs des réduire leurs impôts; le soutien sélectif qui consiste en une avance sur recette de films choisis (ces aides sont attribuées en fonction du scénario, donc de la «bankabilité» d’un projet); et les banques.  Puis,  l'Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles (IFCIC) intervient. Il est détenu à 49% par l’Etat, il a pour but de contribuer au développement des industries culturelles, en leur facilitant l'accès au financement bancaire. En résumé, il s’agit d’un médiateur offrant aux banques une garantie financière en cas de défaillance de l'entreprise. 

Mais on peut aussi être aidé financièrement par la région dans laquelle on produit. A l'aide des conseils régionaux il arrive que certains bénéficient de sommes plus ou moins importantes.

Le rôle de l’Etat

Le rôle de l’état prend une part importante dans le cinéma français.  Le soutien est automatiquement investi. Chaque film qui reçoit de l’argent du Centre national de la cinématographie (CNC) peut bénéficier de fonds issus du compte de soutien. Il est alimenté, entre autres, par trois taxes sur les diffuseurs télévisuels, sur les billets de cinéma et sur les éditeurs vidéo. Les régions et les pays étrangers participent également au financement d’un film, lors d’une coproduction, comme pour «Les Ch’tis» (la région Nord-Pas-de-Calais).
La création d’un film suppose un suivi au long court, allant de l’écriture du scénario jusqu’à la diffusion du film en salle (appelée «exploitation»). Le CNC propose différentes aides en fonction de cela, auxquelles s’ajoutent les phases de postproduction (montage et mixage du film, effets spéciaux…) et de distribution. Le ministère de la Culture répertorie les multiples aides existant en France.


Logo de la CNC



Le temps des financements privés

La diminution des pré-ventes commence à inciter le marché à utiliser des fonds privés. Plusieurs fonds se sont ainsi récemment constitués (les sociétés 123 Capucines, le groupe Hérodiade, …). Les sociétés 123 Capucines investissent depuis 2008 dans des "line ups" de films, des fonds provenant majoritairement de la loi Tepa (qui permet à des particuliers de défiscaliser une partie de leur impôt sur la fortune); le groupe Hérodiade, fondé en 2007, investit des fonds privés sur des films dans le cadre des mêmes lois Tepa et Dutreil.
Le cinéma français est en ce moment un bon investissement. Le marché est tourne bien, il est stable et en croissance depuis des années : il augmente de 4,3 % par an en moyenne depuis 10 ans (équivalent aux recettes totales des films français). Il est aussi encadré par la CNC comme dit précédemment. En effet, il est financé par des institutions financières spécialisées (Natixis Coficiné, Cofiloisirs, IFCIC NoteInstitut) pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles. C’est un marché d’offre et de demande  très fructueux même en temps de crise comme aujourd’hui.
En France, il y a beaucoup de films rentables : on dit le  « cash on cash ».  C’est le taux de retour sur investissement = cash récupéré / cash investi.  Le système macroéconomique moyen sur les cinq dernières années est très satisfaisant : 1,22. C’est une moyenne qui comprend pourtant tous les films d'initiative française, incluant les films à petit budget, ainsi que certains films à gros budget, mais qui sont impossibles à rentabiliser.
Les trois films les plus chers du cinéma français sont : Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon avec 20 488 977 entrées en 2008, puis Intouchables de Toledano / Nakache en 2011 avec 19 440 000 d’entrées, et enfin Astérix et Obélix mission Cléopâtre de Alain Chabat en 2002 avec 14 559 509 d’entrées.

En France, en 1994, la part de marché des films français est estimée à 29%, contre 61% pour les films américains. Le marché des films américains représente alors le double de celui des films français en 1994.

Mais en 2007, la part de marché des films français s'élève à 36,5%, contre 50% pour les films américains. On observe donc d'un côté une augmentation des entrées des films français et de l'autre une diminution pour les films américains qui restent malgré tout majoritaires.


Hollywood

A Hollywood, le financement s’opère d’une manière tout à fait différente. On appelle leur fonctionnement le « Studio Système ». Il est fondé sur des critères économiques très complexes.
Les Majors ou Big Love présentent toutes les caractéristiques du système des studios comme gérer toute la chaîne de  production jusqu’à la distribution et l’exploitation : studios de tournage, staff artistique et technique très important sous contrat exclusif, grand réseau de salles. Il existe huit sociétés de Majors différentes, les 5 plus importantes sont appelées : « The Big Five », qui sont :

- le premier est composé de: Famous Players (1912) + Jesse L. Lasky Feature Play Company (1913) + Paramount Pictures (1914) = Paramount Pictures Corporation (1916) de Adolph Zukor
Logo de Paramount Pictures Corporation

- le second est : Warner Bros (1923) d’Harry et Jack Warner


Logo de Waner Bros
- le troisième est composé de : Metro Pictures (1915) + Goldwyn Pictures Corporation (1917) + Louis B. Mayer Pictures (1918) = MGM (Metro-Goldwyn-Mayer)(1924) de Louis B. Mayer et  Irving Thalberg

Logo de MGM
- le quatrième est composé de: Keith-Albee-Orpheum (KAO) + Film Booking Offices of America (FBO) + Radio Corporation of America (RCA) = RKO Corporation (Radio Keith Orpheum) (1929) de David O. Selznick, Val Lewton et Howard Hughes.


Logo de RKO Corporation 
- le dernier est: la Fox (1915) + 20th Century (1913) = 20th Century Fox (1935) de Darryl F. Zanuck.


Logo de 20th Century Fox

Mais il existe aussi  3 autres  Majors : Columbia Pictures, Universal, United Artists. Elles sont plus petites et ne possèdent que peu de salles, ou seulement une association avec un réseau indépendant (l’United Artists Theaters, par exemple).
Les Majors sont des sociétés très importantes ; la M.G.M., par exemple, possédait de grands studios à Burbank et 4.000 employés en 1934 (dont 61 acteurs, 17 réalisateurs, 51 scénaristes) pour sa production annuelle.
Chaque studio a ses spécificités artistiques grâce à une direction artistique (Art Director) réglant l’unité visuelle des films (décors, costumes, pellicule, couleurs). Mais aussi chaque studio est reconnaissable par les genres et « l’esprit de ses films » (politique…). La plupart des films est fondée sur le Star System.
Les sociétés plus petites sont appelées les “Poverty Row” : Republic Pictures, Monogram Pictures, etc.  Ce sont des films spécialisés dans la série B, avec acteurs de second plan et produisant des films plus ambitieux.

On peut aussi citer les meilleures films américains qui battent des records d’entrées comme Stars Wars, ou encore Titanic, mais vite détrôner par le film français Bienvenue chez les Ch’tis :


Les Minors ou Little Three sont trois studios de plus petite taille, pas aussi importants que les Majors, mais qui font parti des huit plus grands studios. Ce sont : Columbia (né en 1919 sous le nom de CBC Film Corporation puis rebaptisé Columbia en 1924), Universal (né en 1915) et United Artists (né en 1919). Ils produisent des films moins prestigieux, souvent des séries B, destinés au complément de programme du grand film de série A, dans les cinémas de quartier.

Il existe aussi d'autres studios appelés, par Hollywood, «Poverty Row», qui signifie littéralement «allée de la pauvreté». Ce sont de petits studios qui produisent la plupart du temps des séries B qui sont pour la plupart des westerns. Les budgets de ces films sont très bas, souvent moins de 3 000 $. Souvent ces studios disparaissent au bout de quelques sorties, mais certains ont réussi à se hisser au plus haut et à devenir Major comme la Warner, la MGM et la Paramount.
Ce système assure aux huit grands studios l'essentiel des bénéfices, confinant les producteurs indépendants dans la production de films B et les obligeants à se soumettre aux grands studios pour la distribution de leur films. Ce sont des entreprises spécialisées dans le cinéma uniquement. Les coûts de production obligent les studios à nouer des liens financiers avec les puissances financières de la côte Est. Par exemple, la RKO a pu devenir Major grâce à l'intervention de la Chase National Bank. Mais Hollywood a longtemps su garder une relative autonomie vis-à-vis des fournisseurs de capitaux, garantissant ainsi la spécificité de son activité.
Les Majors possèdent 15% des revenus des salles. Ce sont les plus importantes et les mieux situées : elles empochent la moitié des recettes des films de série A, avant tout destinés au public middle class. Les Minors n'ont pas de réseaux d'exploitation propres, mais des contrats avec les gérants. Les huit grands studios contrôlent donc 90% de l'activité cinématographique et des recettes d'exploitation américaine.
Au niveau mondial, les studios possèdent la moitié des salles d'Europe et fournissent 95% des films distribués en Angleterre, 70% de ceux diffusés en France, et près de 50% au Japon. Ils ont un réel poids mondial dans le cinéma.

Le film le plus cher aux Etats-Unis en 2007, est Pirate des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde avec 300,000,000 $, suivis de près par Superman Retums et Raiponce avec 270,000,000 $ et 260,000,000 $ respectivement.

Il existe plusieurs types de producteurs chez les américains: 
- Producteur exécutif: il est le responsable juridique et financier du film, surtout sur les autres investisseurs. C'est lui qui reçoit l’argent, va le redistribuer et s’engager à finir les films. Il accepte aussi de suivre la carrière des acteurs. Il peut mettre ses idées sur l’esprit du projet et son aspect artistique, sur le scénario et le casting par exemple.
- Producteur délégué: c'est qui est engagé dans le cadre d’un film particulier, chargé de constituer l’équipe et d’engager les assistants. Sur des films à petits budgets, le producteur délégué peut généralement se charger seul de tout cela sans embaucher de producteur exécutif. Il est un salarié du studio, il ne met pas de fonds propres dans le projet et est le lien entre le studio et le film.
-Producteur associé : il va donner ses avis en fin de tournage, quand des fonds sont nécessaires pour finir le film et que tout a été dépensé.

On peut aussi parler de l'assistant producteur ou le directeur de la production qui se charge de la logistique (tournage, salaire, matériel, etc.).

Exemple
Je vous propose maintenant de s’intéresser à un film en particulier : The Artist de Michel Hazanavicius, tourné à Hollywood, en noir et blanc et muet. Mais c'est un film français avec principalement comme acteurs : Jean Dujardin, Bérénice Bejo, James Cromwell et John Goodman. 
Ce film rend hommage aux années 20/30 en mettant en scène George Valentin (Jean Dujardin), la star du cinéma muet confrontée à l'arrivée des films parlants, avec Peppy Miller (Berenice Bejo), jeune actrice en pleine ascension, ainsi que plusieurs comédiens américains tels que James Cromwell et John Goodman dans des rôles secondaires importants.
Ce film français a terriblement bien marché, gagnant de nombreuses récompenses comme 3 Golden Globes, 1 Goya, 5 Oscars, et 6 Césars. 
Cet exemple typique d'un film français faisant son ascension avec une histoire américaine, nous montre bien la résistance face à Hollywood. Même en étant français on peut réussir.